Lakhdar est agent valoriste en déchèterie depuis 12 ans. Précédemment, il exerçait dans domaine de la collecte et du recyclage des déchets au sein du groupe Semardel. Tout d’abord gardien « volant » sur plusieurs sites, il est depuis 2018 affecté au nouvel éco-centre de Montgeron.
Il nous confie le défi qu’a représenté pour lui la réouverture des éco-centres, sa riche expérience du métier et son goût pour l’accueil des usagers. Entrevue.
Comment s’est déroulée la réouverture des éco-centres après ces longues semaines de fermeture ?
J’ai repris le travail le 20 avril pour participer à la réouverture des déchèteries aux entreprises. On travaille avec ces entreprises toute l’année et la réouverture était vitale pour qu’elles reprennent leur activité. Puis, à partir du 11 mai, on a ouvert un maximum de sites.
Habituellement, cette période est déjà chargée grâce aux « nettoyages de printemps » et à l’apport des végétaux. Mais une augmentation de la fréquentation et des apports à ce niveau-là, nous n’avions jamais connu ça ! Pendant le confinement, de nombreux foyers ont fait des travaux, du tri et du jardinage et on a eu une véritable vague d’apports. Il a donc fallu dimensionner notre gestion des flux à 200% d’une exploitation normale tout en appliquant les gestes barrières.
Heureusement nos prestataires se sont adaptés en augmentant leurs moyens et le Siredom a étendu les horaires d’ouverture de plusieurs sites, comme celui de Montgeron ouvert 7 jours sur 7. Mais cela n’a pas pu empêcher d’avoir parfois de longues files d’attente. Afin de respecter les normes de sécurité, nous avons dû parfois demander aux usagers de différer leurs apports en produits dangereux car nous n’avions plus assez de place pour les réceptionner. Nous comprenons que certains usagers aient été mécontents, mais malgré la situation exceptionnelle, nous avons privilégié la sécurité.
L’éco-centre de Montgeron fait partie des nouvelles déchèteries du Siredom. Quelle était l’ambition initiale pour ce site ?
Il s’agissait d’en faire un lieu agréable, où les gens seraient heureux de venir, et qui ne ressemblerait pas à une décharge. Le pari est réussi car le site a été vite apprécié et est bien connu. C’est une déchèterie 2.0 permettant les manœuvres pour les remorques, facilitant le déchargement des usagers en les rapprochant du quai. Cela en fait une déchèterie très sûre.
Vous avez accueilli un stagiaire dans le cadre du partenariat « avec Biorythme ». Comment cela s’est passé ?
Pour moi c’est très bénéfique. C’est plaisant et valorisant de former des gens, de faire partager son métier et son expérience. Cela prend du temps car le métier est très vaste et ne se limite pas à dire aux usagers : « mettez vos déchets ici et c’est bon ». Ils viennent de la réinsertion et il faut une motivation et une assiduité de leur part. Par exemple, nous n’avons pas le droit au retard ou à des absences répétées comme agent valoriste. Ça nous demande d’avoir auprès d’eux une approche sur le métier, sur la manière d’être et sur le travail en général.
Vous ferez partie du jury pour l’attribution du « Certificat de Compétences Professionnelles » ?
Nous serons trois agents valoristes et un responsable d’exploitation. Le 8 juillet à Stains, nous aurons une formation sur la notation et l’évaluation. Puis l’examen se passera chez nous et sera adapté aux règles spécifiques qui s’appliquent sur le réseau du Siredom et à notre règlement intérieur.
Qu’appréciez-vous dans votre travail, et à quels enjeux pensez-vous qu’il correspond ?
Pour moi, en premier lieu, c’est le rapport humain que j’apprécie et que je préfère. On rencontre tous types de personnes : avocats, médecins, retraités, chômeurs, ouvriers, jeunes, moins jeunes… Ça ne se limite pas aux professionnels.
Pour ce qui est des enjeux, il y a d’abord le coût de traitement des déchets, plus élevé en cas d’enfouissement. Il y a une grande diversité de déchets acceptés sur nos sites, et c’est impressionnant de voir toutes les formes de valorisation possibles : faire de l’électricité à partir de peinture, récupérer le bois d’une armoire via les éco-organismes comme Eco-mobilier, récupérer les matières précieuses des D3E, faire du compost à partir de déchets verts qui est ensuite donné à nos usagers, du remblai avec des gravats etc. Ce qui a changé ces dernières années, c’est que l’on essaye de limiter au maximum le déchet non valorisable.
Et puis il y a l’aspect environnemental. La pollution est un vrai problème, qu’elle soit chimique, sonore, ou visuelle. Par exemple, auparavant les projecteurs du site de Montgeron étaient allumés la nuit ce qui perturbait les oiseaux. Il faut penser à l’effet papillon. Si nous ne trions pas, et si les gens ne sont pas accompagnés à faire ce tri, on se retrouve avec des produits dangereux dans les ordures ménagères. Il faut donc que l’on donne envie aux gens d’effectuer ce tri, et que, pour eux, cela devienne un réflexe. Si on arrive à ce stade, on évite que les déchets finissent n’importe où.
Avec la nouvelle génération on sent qu’elle a le goût du tri, qu’elle a envie de protéger la planète, de revaloriser et de réduire ses déchets. Plus globalement, les gens veulent de plus en plus savoir ce que leurs déchets deviennent, et ils ne sont pas avares en question. Cela nous donne l’occasion d’expliquer leur devenir, nous valorise et donne du sens à notre travail.
Comment voyez-vous le futur des déchèteries ?
Les déchèteries sont en constante évolution. Peut-être qu’à l’avenir elles seront associées sur un même site à des recycleries.