Après les années Covid et l’inflation, la vente en vrac revient peu à peu en grâce, la fréquentation des rayons passant de 32% en décembre 2022 à 34% en juillet 2023. Fabricants, distributeurs et apporteurs de solutions techniques s’unissent pour relancer le marché et se conformer aux impératifs de l’agenda 2030.
Un bilan en demi-teinteLe marché du vrac a d’abord connu une croissance fulgurante, avec un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros en 2020. Cette progression s’explique par une prise de conscience croissante des consommateurs des enjeux environnementaux et économiques liés à l’emballage. Cependant le chiffre d’affaires a baissé ses dernières années pour atteindre 795 millions d’euros en 2023. |
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Les principaux freins
Du coté des industriels, le vrac peine à se diversifier au-delà des produits secs ou bios. Le manque d’infrastructures, les contraintes techniques et les normes pour certains produits n’encourage pas les distributeurs à développer ce mode de vente.
Côté consommateur, les freins évoqués au choix du vrac sont le prix, l’hygiène, le manque d’information sur les produits et la praticité. On peut ainsi trouver des leviers pour développer le vrac en rassurant le consommateur et en combattant les idées reçues.
Mais il est vrai que le vrac impose de nouveaux réflexes au consommateur : prendre avec lui des contenants avant d’aller faire ses courses. De plus, il faut parfois aller dans plusieurs magasins pour trouver tout ce dont on a besoin ce qui allonge considérablement le temps que les usagers consacrent à leurs achats.
Ainsi, il reste encore du chemin à parcourir pour en généraliser l’usage, mais se sont avant tout nos habitudes, tant comme consommateur que comme commerçant, qu’il nous faut revoir.
Des perspectives prometteuses
Le développement du vrac s’inscrit dans les objectifs de l’agenda 2030 et de la lutte contre le changement climatique. En effet, ce mode de consommation permet de réduire significativement la production de déchets et les émissions de CO2.
- Selon une étude de l’ADEME de 2019, une augmentation de la part de marché du vrac de 10% à 25% d’ici 2030 permettrait de réduire les émissions de CO2 de 3,5 millions de tonnes.
- Une étude de Citeo estimait en 2020 qu’une généralisation du vrac à tous les produits alimentaires permettrait de réduire les émissions de CO2 de 1,6 million de tonnes par an.
En extrapolant ces estimations, on peut supposer qu’une adoption du vrac par 50% de la population française d’ici 2030 pourrait permettre de réduire les émissions de CO2 de 7 à 10 millions de tonnes par an.
Objectif 20% de vrac en 2030
La principale raison qui pousse les personnes adopter cette pratique, c’est qu’elle représente une manière de protéger la planète. La réglementation soutient d’ailleurs son développement avec la loi Climat et Résilience adoptée en 2021.
D’ici à 2030, les plus grands supermarchés devront proposer 20% de leurs produits en vrac. Il s’agit là d’un véritable défi pour les distributeurs et les industriels, mais aussi d’une opportunité pour les producteurs.
On peut se demander, vu la timidité du marché, quelle sera la place des consommateurs dans l’impulsion de ce changement de mode de vente ? Après l’air du tout plastique et du suremballage imposé avant tout par les industriels, la réduction des déchets nous pousse à interroger nos habitudes de consommation.
Le développement du vrac est un levier important pour réduire les déchets et lutter contre le changement climatique. Cependant de nombres freins persistent, tant pour les distributeurs que pour les consommateurs. Dans la plupart des cas, il s’agit avant tout d’idées reçues et d’habitudes que nous avons perdues. Si l’évolution de la législation et des obligations des industriels sont accompagné par un travail d’information et de pédagogie auprès du grand public, le vrac et le réemploi peuvent devenir une véritable opportunité commerciale.